[* Il sagit de MON cauchemar... ]

Je ne me rappelle pas m'être endormi ici. Je me souviens d'un cauchemar où j'errait, sans maison, et où une voiture de grande envergure marquée d'un logo à tête de chien vint se poster à mon flanc, gerbant deux hommes et m'enlaçant le cou dans un étrangleur. Chose dont je ne suis pas habitué. Je me rappelle leurs cris de victoire. Comme s'il sagissait d'un fierté de prendre un chiot en otage. Mais...était-ce vraiment un simple rêve, une simple dénivellation plutôt intense de mon imagination de chiot ? J'en doutais maintenant car ces derrière des barreaux froids que je regardais les visages tout aussi surpris de mes collègues canins. Je voyais devant ma cage un jeune Golden Retriever et, dans une autre que je voyais à peine à cause du mur, un couple de petits Bichons Frisés, entassés dans les profondeur de leur ridicule séquestration.

J'étais enfermé, voilà quelque chose dont j'étais absolument certain.

C'est dans un bon que je me dressai, quittant le sol cimenté d'une froideur morbide, et plaquai mes deux pattes avant contre les barreaux glissants qui me retenaient dans ce minuscule espace. Le métal froid ne m'accordant aucun repos, je glissai de ma position debout pour retomber sur le train, l'air déconfit.

Ô malheur. J'hurlai à pleine voix mon désarroi, attirant l'attention de quelques humains qui se lassèrent bien vite d'un chiot braillard pour se tourner vers ceux qui semblaient plus calmes. Mon visage prit une moue pensive et, tappant le sol de ma queue, plus par agacement que par joie (car il faut dire que rien n'était joyeux dans ma présente situation), je me contentai d'observer les hommes et les femmes, hominidés sans scrupule qui osaient fonder leurs jugements sur la beauté ou le tempérament du chien qu'ils libèreraient. Oui, je sais, ce sont les qualités que tous recherchent dans un nouveau compagnon mais je décidai dur comme fer de ne pas montrer la perfection que j'étais...

Je me terrai dans le coin de ma cellule, rabattis ma queue sur mon museau pointu, ferma l'oeil par dédain pour l'humanité. Une seconde, seulement, je vérifiai si personne ne me prennait assez en pitié pour que je daigne secouer la queue mais mon observation se résuma à un vide désarmant au devant de ma cage.

Je m'endormis.

[Je peux ?]

[ Bien sûr ! Ce n'est pas réservé. Very Happy

]

[Bon, ben, si tu viens pas je demanderais à quelqu'un d'autre de venir...]

[sisi, j'avais l'intention de le faire aujurd'hui! j'ai était débordé ces derniers temps, j'avais un projet d'art à rendre]

[ J'attend encore un peu... ]

DRING! DRING! DRING!

[ ]

Dans les méandres de mes pensées, je m'attardais sur des détails bien peu intéressants car, mis à part le ciment frais qu'était ma couche et les barreaux tout aussi froids qui m'emprisonnaient, rien ne m'intéressais. Je mettait la faute sur tous les hommes pour ses quelques jours que je passais terré dans le fond de cette cellule misérable. À vrai dire, le seul problème avec ma situation présente était la tiédeur de l'endroit, froid par la quantité astronomique de ciment dans lequel était moulé la salle de détention, comme je me plaisais à l'appeler, et chaud par cette incessante réalité que l'être vivant, l'organique, dégage une chaleur corporelle plus que réconfortante. Je me complaisais maintenant à me coller dans le coin de ma cellule, attendant le repas bien pauvre qu'on m'offrirait vers 5h37...à peu près...

Quel repas, me direz-vous ! Rien de bien extravagant, on peut même dire que cela en devenait d'une banalité qui pourissait la vie. Croquettes sèches et eau froide au menu...je n'avais même pas le droit de me trouver un petit encas dans les poubelles des maisons d'à côté.

Des pas, je levai les yeux, exaspéré par ce son qui n'en finissait plus. Des centaines de personnes avaient marché ici sans même daigner regarder la pitié que j'émanais...C'était effarant ! Comment un tel affront pouvait-il être possible ! Mais ces pas là furent différents...ils s'arrêtèrent. Ô, miracle ! Je me levai au son de la langue de la jeune femme en oubliant complètement mon rôle de canin prétencieux et me précipitait contre les barreaux. Je m'était juré de ne pas réagir ainsi mais je pressai mon flanc contre les barreaux solides et froids, réclamant les doigts et la douceur de la femme, le geste que les hommes connaissent tous et font souvent avec merveille; la caresse ! Je voulais sentir ce petit réconfort, je le voulais ardement.

Je tentai tant bien que de mal de passer mon museau fuselé dans le grillage, réclamant cette attention qui m'avait cruellement fuit car, même avec toute cette rancoeur, je restais un chien...

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