Pastel SWEETNESS

La ville n'a pas toujours été comme elle l'est aujourd'hui, déserte et abandonnée. Il y a de cela une dizaine d'années, 13 ans plus précisément, elle avait été un petit village vivant où la vie était simple et agréable. Une cinquantaine d'habitants à peine y habitaient, et tout le monde se connaissait plus ou moins. On vivait des produits de la ferme du village, tenue par la famille Hamils depuis près de 30 ans. La ferme passait degénérations en générations et le fils continuait le travail de son défunt père : cultiver les légumes, élever du bétail pour en faire de la viande, tirer du lait des vaches et faire de la farine et du fromage, pour ensuite aller les vendre au marché du village. C'était ainsi que l'on vivait, dépendant en grande partie de la ferme Hamils. Bien sûr, certains avaient leurs propres champs et leurs propres élevages, mais on finissait toujours par avoir besoin des produits des Hamils, qui fournissaient fruits, légumes, viande, produits laitiers, céréales, laine, cuir, peaux... Quant au travail, la plupart des hommes étaient employés à l'usine de papier à quelques kilomètres du village, tandis que les autres trouvaient des emploies à la ferme des Hamils ou en temps que chasseurs de biches, de perdries ou autres animaux sauvages, ou alors comme troubadours, chanteurs, danseurs des rues, etc. On avait l'eau courante grâce au lac tout près du village, et une réserve illimitée de bois grâce à l'épaisse forêt qui entourait le village. Bref, la vie était facile et presque parfaite. Le seul inconvénient : les loups. De grandes meutes de loups habitaient la forêt et attaquaient souvent le village, faisant parfois des morts et décimant le bétail. En fait, c'est à cause des loups que la ville est abandonnée, aujourd'hui.

C'était un jour de fête. On buvait, on chantait et on s'amusait jusqu'aux petites heures du matins. M. Hamils, jeune célibataire et bien sympathique, était de la fête. Mais alors qu'il s'amusait avec les autres, il se rappela qu'il avait oublié de rentrer un troupeau de brebis [ en ce jour de fête, il avait donné congé à ses employés et s'était occupés de ses animaux lui-même. ] Il courut donc à la ferme, craignant le pire. Mais lorsqu'il arriva, il était déjà trop tard : une vingtaine de loups énormes s'attaquaient à ses brebis, et certains mangeaient déjà les cadavres de moutons sur le sol. M. Hamils courrut à l'intérieur pout s'armer de sa carabine, mais ce ne fut pas suffisant : en tentant de protéger ses bêtes et d'éloigner les loups, M. Hamils perdit la vie. La nouvelle de la mort du propriétaire de la ferme et d'un troupeau entier de moutons décimés se répendit telle une traînée de poudre dans tout le village le lendemain. On débatit pendant une semaine de la question qui brûlait toutes les lèvres : « À qui reviendrait la ferme? » En effet, M. Hamils n'avait pas d'enfants ni de femme et était loin de se douter qu'il allait mourir, ainsi il n'avait pas écrit de testament. Toutes les familles se battaient pour obtenir la ferme, trouvant des points tous différents pour soutenir que les terres leurs revenaient. Après tout, cette ferme rapportait un argent considérable à son propriétaire, étant donné les villageois qui achetaient des vingtaines de produits chaque jours. Finalement, le maire décida de léguer la ferme à la famille Berns, très proche des Hamils. C'est à ce moment que la discorde s'installa dans le village. La bonne-entente qui régnait entre les villageois s'écroula : beaucoup de familles mécontentes se mirent à dos les Berns, on assista même à un spectacle public visant à les ridiculiser. Ainsi, deux clans se formèrent et les choses s'envenimaient de plus en plus, frôlant presque la guerre. La discorde et la haine régnait dans le village, et beaucoup de familles qui ne voulaient pas être mêlées à tout ça quittèrent le village. Pendant un an, les choses furent ainsi, devenant de pire en pire chaque jour, jusqu'à ce qu'il ne reste qu'une vingtaine d'habitants. Plus de la moitié était partie. Le maire était complètement détruit de voir son village se déterioré ainsi, il finit par abandonner son poste. Et c'est ainsi qu'il en fut finit du petite village tranquille : les Berns et les Johns, leurs principals rivaux, se disputèrent férocement pour le poste de maire. Et arrivèrent les armes ; on s'arma de fourches, de carabines de chasse. Et une sanglante bataille fit rage. Les plus intelligents quittèrent la ville, se disant que c'était allé trop loin : les autres furent tués durant la bataille qui suivit. Les loups amenèrent les dépouilles au plus profond de la forêt et les dévorèrent. Et c'est ainsi que la ville devint une ville fantôme, inhabitée.

Les chiens et chats du chenil étaient les seuls survivants du carnage, enfermés dans leurs cages. Ils restèrent une longue semaine enfermés, sans que personne ne viennent les nourrir, jusqu'à ce que l'un d'eux réussissent à s'échapper. Il libéra tous les autres et la cinquantaine d'animaux se déversa dans le village. Certains décidèrent d'aller vivre dans la forêt, et d'autres préférèrent rester au village. Au début, les chiens et chats habitant le village se nourrissaient des brebis des Berns, mais lorsqu'il n'y en eut plus, ils furent forcés de chasser dans la forêt. Ainsi, les bêtes vécurent de cette façon durant 11 longues années. Beaucoup mourrurent, tués par les loups, noyés dans le lac, écrasés par une voiture sur l'autoroute, morts de maladie ou alors tués par leurs prochains qui avaient faim. La vie était de plus en plus dure au fil du temps pour les chiens et chats et les combats contre les loups étaient sanglants. À la onzième année, il ne restait plus que 3 chiens et 2 chats, dont Amisha, qui avait 2 ans lorsque le terrible combat entre les Berns et les Johns décima toute la petite population. Depuis, elle avait survécu pendant ses onze années et était toujours vivante. Les 4 autres survivants, eux, étaient des jeunots nés plusieurs années après le carnage, qui avaient survécus et grandit. C'est là qu'arrivèrent les jumelles O'Quinn. Les O'Quinn avaient été dans le conflit et avaient été du partie des Johns. Cependant, ils avaient quittés la ville lorsque les deux parties avaient décidés d'utiliser les armes, ne voulant pas utiliser la violence pour venir à leurs fins. Les soeurs avaient alors 15 ans. 11 ans plus tard, à 26 ans, elles avaient décidées de revenir dans leur ville natale, n'arrivant pas à se faire une vie dans la grande ville. C'est là qu'elle trouvèrent les survivants et la ville détruite et abandonnée. Les filles, horrifiées, prirent les animaux sous leurs ailes et décidèrent d'installer un orphelinat dans la ville ainsi qu'un chenil. Elles durent se battre pour que le gouvernement finisse par accepter, mais elles y arrivèrent enfin et ouvrirent leurs bâtisses. Constance prit en charge le chenil et Halley l'orphelinat. Les deux chats et les deux chiens s'accouplèrent et eurent deux portées chacun, mais Amisha elle, était trop vieille pour s'accoupler et n'avait pas de compagnons. Et c'est ainsi que, 2 ans plus tard, nous retrouvons l'orphelinat et le chenil. Entre-temps, les deux chiens et les deux chats sont morts de maladie et les chatons ont grandis. Amisha, elle, est toujours vivante et en a long à raconter aux nouveaux arrivants au chenil.